« Des décennies de communication anxiogène »
La population a bien intégré que la perte auditive était irréversible. C’est le message qui est le plus véhiculé lors des actions de prévention dans le domaine de l’audition. Si la réalité est bien cruelle, il n’y a pas rien à faire, des solutions existent.
Gérard, 65 ans, habitant à Gannat dans l’Allier, témoigne des messages perçus de son entourage. Que ce soit son médecin traitant : « A votre âge, on ne peut pas faire de miracle. » C’est donc une annonce supplémentaire d’un point de non-retour.
« Je me souviens de ma grand-mère qui vivait avec nous à la ferme. Dans ces dernières années de vie, elle n’entendait plus rien. Elle passait son temps sur un fauteuil vers la cuisinière à bois, installée là comme une plante verte dans la cuisine » poursuit Gérard.
Ce sont des visions de l’audition largement partagées.
« Un sentiment d’aléa de plus dans son parcours de vie »
Pour Paulette, assistante de direction dans une entreprise d’Annecy, 60 ans, l’annonce par le médecin ORL de sa presbyacousie avancée a été « un coup de plus du sort ». « J’ai du faire face au vieillissement de mes parents et accompagner mon papa ; ma fille a connu une période de chômage et on a du poser un stent à mon mari. L’annonce de ma presbyacousie m’a effondrée. Comment pourrai-je rester solide pour mon entourage. Mon médecin ORL a su m’apporter une écoute et m’a mis en relation avec le professionnel psychologue qui travaille au sein de son équipe. »
« Une dégradation de l’image de soi »
La surdité est par définition subie. Elle s’impose donc à la personne qui de fait, ne l’a pas souhaitée. Marqueur de différence et de vieillissement, elle vient perturber les fondations de l’image de soi. La
déstabilisation de ce socle va déprendre du parcours de chacun. L’écoute du patient est fondamentale lors de l’étape de l’appareillage. Pour cette raison, une relation de confiance doit s’instaurer avec le patient.
Témoignage
Inscrire le patient dans la continuité et non la rupture.
Il arrive parfois que le choc de l’annonce de la perte auditive soit trop perturbante. Marc, commercial, 45 ans, en a fait l’expérience. « J’ai mis du temps à accuser le coup. Je me suis vu ne plus pouvoir exercer mon métier. Je passe beaucoup de temps en visio, au téléphone ou encore en déjeuner avec les clients. J’ai alors pensé perdre mon emploi, ne plus pouvoir payer les études de mes enfants. Dans mon couple, je me suis renfermé. J’ai eu peur que ma femme me délaisse pour des hommes plus en forme et pas « handicapé ». Mon frère m’a conseillé de consulter un professionnel psychologue et de me renseigner sur les solutions. Alors que je me projetais dans un scenario de rupture de vie, le professionnel m’a amené à m’inscrire dans la continuité de ma vie. La rencontre avec l’audioprothésiste a participé au déclic. Nous avons pu choisir des solutions qui soient adaptées à mon rythme de vie professionnelle et personnelle. Aujourd’hui tout va bien sur tous les plans. Je suis redevenu plus lumineux et donc séduisant. »